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Les lycéens derrière les fourneaux pour un brunch solidaire à l’Escale
Huit élèves en première année de CAP au lycée Jean Monnet ont concocté et servi un brunch à l’accueil de jour l’Escale ce mardi 4 février. Depuis cinq ans, l’établissement intègre ainsi pleinement le social dans sa pédagogie, aussi bien pour cultiver l’expérience que la chaleur humaine.
Suzie Georges - Hier à 10:42 | mis à jour hier à 10:42 - Temps de lecture : 3 min
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Huit élèves en première année de CAP commercialisation et service en hôtel-restaurant-café ont préparé et servi un brunch à l’accueil de jour l’Escale. Photo Le DL /S.G.
Huit élèves en première année de CAP commercialisation et service en hôtel-restaurant-café ont préparé et servi un brunch à l’accueil de jour l’Escale. Photo Le DL /S.G.
Le tintement des fourchettes et des cuillères à café ralentit enfin, ce mardi 4 février, vers 11 h 30, à l’Escale, accueil de jour destiné aux personnes en situation de précarité et sans domicile stable. Attablés, les pensionnaires avalent tranquillement une dernière lampée de boisson chaude ou en profitent pour se resservir une montagne de fromage blanc.
Un sourire aux lèvres, Mégane et Neva, 15 ans, chemise blanche repassée sur les épaules et cravate rouge nouée autour du cou, ont à peine le temps de souffler. La fin de service commence et, pour la brigade de serveurs, cuisiniers ou plongeurs en herbe, c’est reparti pour un nouveau coup de feu. On envoie les assiettes sales à la plonge, on replie les nappes et on remballe les cuiseurs à œufs.
« Il faut tout bien nettoyer et tout ranger, je compte sur vous », lance Hervé Bloquet, professeur de restauration/hébergement, depuis la cuisine. Sur ses consignes, huit élèves en première année de CAP commercialisation et service en hôtel-restaurant-café au lycée Jean Monnet, s’activent pour terminer leur service.
Ils viennent de concocter un brunch pour 70 à 80 personnes. Au menu : viennoiseries, œufs brouillés, assiettes charcuteries, fromage blanc, toasts et salade de fruits.
« Cela change de la dynamique clients-serveurs traditionnelle »
« Cela nous fait plaisir de participer et d’aider. Et puis, les personnes ici sont heureuses de nous voir et d’être là. Elles sont plus chaleureuses, elles nous parlent et elles nous regardent dans les yeux. Cela change de la dynamique clients-serveurs traditionnelle », confie Mégane, le mot “angel” tatoué sur les mains.
Les exigences, elles, restent les mêmes. « Nous étions assez vite submergées au début. Et puis, ici, ce n’est pas comme dans les grands restaurants : il fallait faire attention à passer entre les personnes et le couloir et être à l’aise avec le plateau », confient les deux serveuses, qui ont les jambes en compote.
Depuis cinq ans, Hervé Bloquet allie ainsi pédagogie et social, pour cultiver le développement durable. Il organise ces brunchs deux fois par an. « Cela permet aux élèves d’avoir un engagement solidaire et bienveillant, et de comprendre aussi les enjeux de notre société », explique celui qui est aussi référent en décrochage scolaire.
« Tout le monde y gagne. Les jeunes, avec de l’expérience dans un milieu qu’ils ne côtoient pas habituellement… », commence Dominique Lachenal, vice-présidente de l’Agglo en charge des solidarités. Et les pensionnaires qui « apprécient de se faire servir et d’être traités comme quelqu’un de normal », complète Gabriel Doublet, président de l’Agglo. Certains s’inspirent même de ces jeunes et s’imaginent un avenir derrière les fourneaux.
D’autres rendez-vous au printemps
Le prochain brunch à l’Escale aura lieu le mardi 1er avril. « Nous avons aussi d’autres projets pour cultiver le lien avec le lycée », explique Sébastien Martin, responsable de l’accueil de jour.
Après un atelier décoration avant les fêtes de Noël ; en mai, un atelier crêpes sera organisé avec les élèves en 3e “prépa métiers”.
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C’est un message subliminal aux grandes écoles qu’a passé la « petite structure » comme aime à la qualifier son directeur délégué à la formation Martial Rossi. Du jeudi 2 au dimanche 5 février, dix des quarante-huit lycéens du Salève ont participé à l’organisation et à la tenue du pôle hôtellerie-restaurant à l’occasion du Mondial des Métiers. Alors que les établissements candidats se faisaient rares l’été dernier au moment de vouloir assumer cette mission, le lycée du Salève n’a lui pas hésité à franchir le pas.
Des échanges culturels autour de la cuisine
Au Palexpo de Lyon, les lycéens en CAP ont donc joué dans la cour des grands. « Le défi était grand mais nous avons su parfaitement le relever », se félicite le directeur. Sous la houlette de leurs trois professeurs, Christophe Bellego, Catherine Roger (cuisine) et Hervé Blocquet (restaurants), les élèves ont ainsi préparé mignardises et cocktails dans les espaces aménagés mais aussi échangé leur savoir-faire avec les collégiens en quête de leur avenir étudiant.
Avec plus de 120 000 personnes ayant arpenté les allées du Mondial des métiers, le lycée annemassien a offert son plus beau visage. Avec seulement une formation CAP cuisine et restauration proposée, élèves et professeurs reviennent de la capitale mondiale de la gastronomie avec le sentiment du devoir accompli. Mais aussi des projets plein la tête. Les contacts noués sur le salon ouvrent en effet de belles perspectives d’échanges avec les délégations allemandes, sénégalaises, catalanes et polonaises, présentes à leur côté. La petite structure reste modeste mais n’oublie pas de savourer grandement son plaisir pour autant.
